Alessandro Pignocchi est un grand admirateur de l’anthropologue Philippe Descola, qui a étudié les
indiens jivaros. Philippe Descola pose l’hypothèse que, si les Jivaros sont si différents de nous, si leurs
critères de bonheur et d’harmonie sociale nous paraissent absurdes, c’est que leur perception du monde
n’est pas la nôtre. Plus précisément, que leurs outils de composition du monde sont différents des nôtres :
ainsi, la différence entre nature et culture n’existe pas chez les Jivaros, aucun mot ne désigne le concept
de « nature » ; pour ces Indiens, les plantes et les animaux sont des êtres vivants, au même titre que les
humains. C’est pourquoi ils considèrent que tous sont dotés d’esprits. Pour les comprendre, il est donc
nécessaire que nous procédions à une mise à distance de nos propres outils de composition du monde, afin
de ne pas les juger avec des références qui n’appartiennent qu’à notre monde...
Dans cette bande dessinée, Alessandro Pignocchi a voulu « prolonger ce mouvement de mise à distance en
imaginant à quoi ressemblerait le monde si l’on empruntait quelques outils de composition aux Jivaros ».
Le résultat est absurde, tordant : la réunion du G20 se passe au cœur des montagnes : les participants,
assis en tailleur, se préoccupent de l’avenir du grèbe huppé ; le Président de la République passe le relais à
son Premier ministre réincarné en concombre de mer, le président russe se marie avec une papaye... Une
lecture facile et drôle, de belles aquarelles pour comprendre simplement qu’on ne peut pas tout
comprendre, et qu’à partir de ce moment-là, la tolérance s’impose !